Waterville accueille une luthière chevronnée à l’esprit bien communautaire

La luthière Catherine Marchand
« J’ai étudié pour fabriquer. Je me considère plus comme une artiste que comme une technicienne et je souhaite retourner vers la création.» exprime la luthière Catherine Marchand. | Photo: Alexandre Veilleux

Aurélien Marsan

Rédacteur en chef et journaliste
18.12.2024

Catherine Marchand a installé depuis peu son atelier de lutherie à Waterville, dans le bâtiment situé au 45, rue Gosselin. Après un parcours mouvementé, cette passionnée de musique, qui est aussi responsable de la programmation musicale à la brasserie Hop Station de Coaticook, a trouvé là un atelier qui répond enfin à l’ensemble de ses besoins : un lieu partagé avec d’autres artisans-artistes, un local indépendant, une mise en commun d’un projet de boutique à venir, en plus d’être un milieu sécuritaire et convivial. Autant de raisons qui ont convaincu la native de Sherbrooke de se déplacer ainsi en banlieue pour y trouver son cadre de travail idéal.

« J’ai enfin le local de rêve qui répond complètement à mes besoins. Une salle propre, bientôt une boutique, une salle des machines, un atelier de peinture. À partir de là, je peux développer mon offre de service et recevoir mes clients. »

Se sentir enfin chez-soi

Et ce milieu, elle l’a cherché longtemps ! Diplômée de l’École nationale de lutherie de Québec en 2012, elle a d’abord exercé à Montréal avant de revenir dans la région de Sherbrooke, motivée par le projet de La Fabrique, une coopérative d’ateliers collectifs qui a fermé ses portes en décembre 2019.

Elle a alors travaillé étroitement avec Les guitares Pellerin en tant que luthière, un atelier de lutherie à la renommée internationale, en parallèle du développement de son activité personnelle.

Et, en même temps, elle s’est investie dans plusieurs projets d’ateliers collectifs, d’abord sur la rue Webster à Sherbrooke, puis sur la rue Queen. Mais aucun d’eux ne s’est implanté de façon pérenne. Le besoin d’ateliers collectifs est pourtant évident, mais la mise en œuvre reste complexe et pleine d’enjeux. 

« Les ateliers, c’est vraiment un besoin. Que ce soit juste pour démarrer des projets. Faut avoir des portfolios, faut avoir fait des expositions et être reconnue par les pairs. Mais avant tout ça, il faut avoir accès à un local et à des outils. »

C’est donc nourrie d’un bel enthousiasme que Catherine s’installe enfin à Waterville. Un accomplissement pour celle qui a commencé par un projet Jeune Volontaire, suivi d’un programme de Soutien au travailleur autonome. Et enfin voilà qu’elle a trouvé un lieu à partir duquel elle va pouvoir poursuivre le développement de ses activités. 

La lutherie sous toutes ses formes

Même en lutherie, la façon d’exercer son métier peut prendre plusieurs formes différentes. Pour Catherine, la proximité a toujours été au cœur de ses élans, que ce soit avec les particuliers qui viennent faire appel à ses services pour des réparations ou des ajustements, ou bien avec des musiciens qui font appel à elle pour avoir l’instrument fait main qui leur correspondra.

Et entre les élans et la réalité concrète financière qui peut permettre de rendre viable une activité, l’équilibre est souvent difficile à trouver. Catherine témoigne que plusieurs de ses semblables se découragent en constatant l’instabilité financière liée à la pratique d’artisan-luthier. Les réparations de guitare permettent d’assurer un certain niveau d’activité, mais c’est souvent insuffisant.

« J’ai étudié pour fabriquer. Je me considère plus comme une artiste que comme une technicienne et je souhaite retourner vers la création. Ce qui est difficile, c’est de payer les factures et de rentabiliser l’atelier avec ses frais fixes. Parce que ce n’est pas tout le monde qui peut s’acheter une guitare selon la valeur que je devrais vendre cette guitare ! »

Mieux connaître son instrument

Ce qui inspire Catherine Marchand dans ce cheminement, c’est avant tout de rendre plus accessibles les instruments de qualité aux musiciens, qu’ils soient chevronnés ou débutants.

Celle qui a déjà recyclé des pièces d’instruments divers pour fabriquer un nouvel instrument témoigne d’un attachement plein de passion à mettre à disposition des guitares de qualité pour les personnes qui veulent en jouer.

« Je me suis rendu compte qu’il y a beaucoup de guitaristes qui ont des guitares, mais qui n’ont jamais eu l’occasion d’essayer une guitare faite à la main par un luthier, donc ils ne peuvent pas savoir ce qu’ils manquent. »

L’histoire de Catherine en fait preuve. Sa première commande a été passée par un ami, qui a eu l’occasion d’essayer la guitare de Catherine lors d’un moment dans un parc. Il a finalement joué avec pendant plusieurs heures. « Il m’a dit qu’il avait composé deux tounes ! C’est resté dans sa tête et trois ans plus tard, il est venu pour me commander une guitare. »

Réparation, fabrication et ateliers

Cette proximité avec les gens, Catherine la recherche et elle la souhaite. « Avec une bonne guitare, il y a des sons qui sortent qui n’avaient jamais été entendus auparavant. Alors oui, on fabrique un instrument pour un musicien, adapté à ses besoins. Mais la guitare aussi va apporter et influencer le jeu. C’est un peu ça ma mission, de sensibiliser à ça, à l’interaction entre le musicien et son instrument. »

Concrètement ? Cela veut dire que Catherine offre entre autres un service de réparation et d’ajustement de guitares diverses, quelle que soit leur gamme, sachant aussi que la mise au point et l’ajustement par un luthier peuvent permettre d’améliorer significativement son expression.

Elle propose aussi des ateliers d’auto-ajustement de guitare à l’attention du public. Et, bien sûr, des services de fabrication sur mesure de guitare.

Et puis la luthière nourrit aussi des projets plus larges de sensibilisation et de mise à disposition. Comme l’idée d’un service de location de guitare de luthier, ainsi que l’organisation de concerts avec un guitariste dont le luthier serait présent pour parler de l’instrument et de son interaction avec le musicien!

Un projet que l’on pourrait qualifier de “lutherie populaire” donc. Et une luthière animée d’un grand coeur. 

Si les services de Catherine vous intéressent, ou que vous êtes curieux de la rencontrer, vous pouvez visiter son site Web https://www.lesguitaresmarchand.com/ ou la contacter par courriel lesguitaresmarchand@gmail.com




À propos de Aurélien Marsan

Rédacteur en chef et journaliste
Aurélien est ingénieur de formation. Il a enseigné à l'Université de Sherbrooke avant d'effectuer un virage à 180 degré pour devenir boulanger artisanal. Il est également un artiste des arts de la parole, en plus d'être l'auteur d'une infolettre d'information à propos de ce qui se passe à Waterville. Son intelligence évidente, sa curiosité pour les autres et son désir de faire croître le sentiment d'appartenance de sa communauté, faisait de lui un candidat en or pour donner son envol à ce nouveau journal.
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